Synopsis
Jenny et Joe sont les deux vedettes d’un spectacle en préparation rendant hommage aux contes de Perrault. Refusant de reconnaître l’amour qu’il voue à sa partenaire, Joe se montre parfaitement odieux envers elle. Leur dispute les mène vers les décors de la Forêt Enchantée.
Commence alors pour les deux artistes une folle aventure durant laquelle ils vont se perdre parmi les contes de Perrault pour pouvoir mieux se retrouver, unis par un amour sincère… non sans avoir rencontré au passage le Petit Poucet, le Petit Chaperon Rouge, Barbe-Bleue ou encore le Chat Botté !
Commentaires
À la tête du Service Animation de la RTF, Jacques Samyn œuvre avec succès dans le domaine du dessin animé et de la marionnette avec des programmes aussi célèbres que Bonne Nuit les Petits ou Sourissimo. En 1968, il souhaite délivrer une nouvelle expérience en matière de divertissement tous publics à travers le mélange d’acteurs réels et de personnages de dessins animés. Si le procédé est depuis longtemps éprouvé aux États-Unis, il constitue une véritable première pour une production française ; jusque-là, seul Pierre Tchernia s’y était timidement essayé avec son téléfilm Deux Romains en Gaule (1967) qui incluait quelques apparitions d’Astérix et Obélix en dessin animé mais sans véritable interaction avec les acteurs filmés.
Revendiquant ouvertement l’influence du film Mary Poppins (1964) des studios Disney, Samyn fait appel à André Joanny et Aline Lafargue, les créateurs respectifs d’Aglaé et Sidonie et du Petit Lion, pour élaborer le scénario autour des contes de Perrault. Deux ans de travail seront nécessaires pour concevoir ce programme de 50 minutes avec un total de 25.000 dessins et plus d’une trentaine de décors tandis que les Services de la Recherche et des Variétés de l’ORTF sont mobilisés pour mettre au point le procédé d’incrustation. Christian Gaubert, arrangeur pour Charles Aznavour et Francis Lai, se charge de composer une musique pop orchestrale ponctuée de chansons écrites par Pierre-André Dousset, parolier de Mireille Matthieu.
Le résultat, hautement improbable, est porté par une folie douce où les numéros musicaux aux envolées mélodiques dignes de Michel Legrand s’enchaînent et tissent une intrigue floue, tenant plus du trip hallucinatoire que du conte parfaitement structuré. Dans les rôles principaux, l’actrice et danseuse Thalie Frugès promène sa silhouette gracile, se livrant face au grand méchant loup à de multiples pastiches de célébrités hollywoodiennes pendant que Pierre Richard déploie toute son élasticité et son sens du burlesque dans ses numéros de danse. Malgré une animation simplifiée et un montage parfois abrupt qui révèlent la modestie des moyens au regard des standards américains, Perrault 70 demeure un OVNI filmique fascinant, où le féérique et l’anarchique se confondent allègrement. Il est regrettable qu’une telle proposition soit restée sans suite à la télévision française alors même que Jacques Samyn espérait produire une adaptation d’Alice au Pays des Merveilles sur le même principe. Et si Thalie Frugès se fera par la suite plus rare à l’écran, Pierre Richard débutera une carrière prestigieuse avec son premier grand succès, Le Distrait, qui sortira en salles quelques mois plus tard…
Resté invisible pendant 50 ans, Perrault 70 sera exhumé par l’INA sur sa plateforme Madelen mais ce sera surtout dans les festivals que le film se fera remarquer, notamment au Forum des Images en 2022 ainsi qu’à La Rochelle en 2023 où les spectateurs purent apprécier l’œuvre dans une version restaurée en 4K. L’occasion parfaite pour découvrir ce film coloré et inclassable appelé à devenir culte…
Doublage
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